La neuvième porte de Polanski.
Plus que l’intrigue de ce film de Roman Polanski, adapté du roman « Club Dumas » de Perez-Reverte!
C’est la place tenue par le livre qui transcende ce polar ésotérique. Ce livre, en l’occurrence « Les neuf portes du royaume des ombres » un manuel d’invocations sataniques. Un personnage à part entière du scenario, pour ne pas dire le principal.
On pénètre dans un univers ou l’exemplaire rare est convoité, protégé des affres du temps. Mais aussi porteur d’un savoir à ne pas mettre en toutes les mains.
Pour être tout à fait précise, on ne parle plus de livre mais d’exemplaire, en lui accolant le nom de son propriétaire, ( l’exemplaire Telfer ). Comme si le possesseur et l’œuvre ne faisaient plus qu’un, donnant ainsi naissance à un être hybride dont le sang se serait transformé en encre.
La passion devient fétichisme et la lecture une expérience ultime.
On retiendra de ce film la sobriété d’un Jonnhy Depp inspiré. La présence à la fois charnelle et désincarnée d’Emmanuelle Seigner. La touchante dévotion de ce collectionneur portugais, Victor Fargas. Sans compter la folie prédatrice de Balkan, l’apprenti sorcier.
Mais au-delà du film, demeure ce parfum de bibliothèques, savant mélange de cuir et de poussière. Fruit d’un bruit de ce qui susurre entre des pages et ces dorures à l’or fin d’un autre âge.
Le livre fut élitiste, chassé, brûlé, censuré. Aujourd’hui encore il conserve son pouvoir d’attraction, quand bien même il est entré dans l’ère numérique.